Vous ressentez des douleurs à la mâchoire lorsque vous mâchez, des craquements en ouvrant la bouche, ou même des maux de tête sans cause apparente ?
Vous souffrez peut-être d’un trouble encore trop méconnu : la dysfonction temporo-mandibulaire (DTM).
Qu’est-ce que l’articulation temporo-mandibulaire (ATM) ?
L’articulation temporo-mandibulaire (ATM) se situe de chaque côté du visage, juste devant les oreilles.
Elle relie la mandibule (mâchoire inférieure) à l’os temporal du crâne, permettant de parler, mâcher, bâiller ou rire.
C’est une articulation complexe et très sollicitée, capable de mouvements de rotation et de glissement coordonnés.
Qu’est-ce qu’une dysfonction temporo-mandibulaire (DTM) ?
Les DTM regroupent un ensemble de troubles qui touchent l’ATM, les muscles qui l’entourent et parfois les nerfs associés.
Selon les données récentes, ces troubles affecteraient 10 à 15 % de la population, avec une prédominance chez les femmes âgées de 20 à 40 ans (Slade et al., 2021 ; Pedroni et al., 2023).
Symptômes fréquents des DTM :
- Douleurs à la mâchoire, au visage, au cou ou aux épaules
- Craquements, claquements ou blocages à l’ouverture de la bouche
- Diminution de l’amplitude d’ouverture
- Maux de tête ou céphalées de tension (López-Martínez et al., 2022)
- Douleurs ou bourdonnements d’oreille (acouphènes)
- Fatigue musculaire en mâchant ou en parlant longtemps
Quelles sont les causes possibles des DTM ?
Les causes sont souvent multifactorielles :
- Bruxisme (serrement ou grincement des dents)
- Stress et tensions musculaires
- Mauvais alignement dentaire (malocclusion)
- Traumatisme à la mâchoire ou au visage
- Arthrose ou inflammation articulaire
- Habitudes parafonctionnelles : mâcher des objets, ronger ses ongles, appuyer le menton, etc.
Un impact réel sur la qualité de vie
Vivre avec une DTM peut être très handicapant : douleurs chroniques, troubles du sommeil, gêne à l’alimentation, isolement social, voire anxiété ou dépression.
Ces troubles sont encore sous-diagnostiqués et parfois banalisés, retardant ainsi la prise en charge (Vilanova et al., 2023).
Diagnostic : comment reconnaître une DTM ?
Le diagnostic est posé par un dentiste, un chiropraticien, un physiothérapeute ou un spécialiste en douleur oro-faciale formé aux DTM.
L’évaluation inclut :
- Un examen clinique : amplitude des mouvements, bruits articulaires, tension musculaire
- Un questionnaire sur la douleur et les habitudes de mastication
- Une imagerie (IRM ou radiographie), notamment pour évaluer une possible atteinte articulaire dégénérative. L’IRM présente une sensibilité élevée (≈ 95 %) pour la détection des anomalies de l’ATM (Heo et al., 2023).
Traitement des DTM : une approche douce et globale
La bonne nouvelle : la majorité des cas de DTM se traitent sans chirurgie.
Le traitement est souvent pluridisciplinaire et vise à réduire la douleur, restaurer la fonction et corriger les facteurs aggravants.
Approches les plus efficaces :
- Éducation et hygiène articulaire : éviter de mâcher toujours du même côté, limiter les aliments durs, corriger les postures
- Orthèses dentaires (gouttières) pour réduire les forces de bruxisme
- Chiropratique ou physiothérapie, pour améliorer la mobilité et relâcher les tensions musculaires
- Gestion du stress : relaxation, méditation, yoga ou thérapie cognitivo-comportementale, efficaces dans la douleur chronique (Durham et al., 2024)
- Médicaments : anti-inflammatoires ou relaxants musculaires en phase aiguë
La chirurgie n’est envisagée que dans des cas très spécifiques (ankylose, luxation chronique, dégénérescence sévère).
Conclusion
Les dysfonctions temporo-mandibulaires sont fréquentes, mais trop souvent méconnues.
Un diagnostic précoce et une prise en charge globale peuvent réduire les douleurs, restaurer la fonction de la mâchoire et améliorer significativement la qualité de vie.
Si votre mâchoire craque, bloque ou vous fait souffrir, n’attendez pas : consultez un professionnel formé aux DTM.
À Retenir
✅ Les DTM touchent l’articulation de la mâchoire (ATM) et ses muscles.
✅ Les causes principales : stress, bruxisme, mauvaises postures, tensions musculaires.
✅ Une approche douce, multidisciplinaire et personnalisée donne les meilleurs résultats.
Références
- Slade, G. D., et al. (2021). Prevalence of temporomandibular disorders in adults and adolescents: A systematic review and meta-analysis. Pain, 162(4), 914–924. PubMed 33409693
- Pedroni, M. A., et al. (2023). Prevalence of temporomandibular disorders and associated factors in adults: A Brazilian population-based study. Journal of Oral Rehabilitation, 50(10), 1200–1210. PubMed 37955100
- López-Martínez, M., et al. (2022). Relationship between temporomandibular disorders and headache: A systematic review. Cephalalgia Reports, 5, 25158163221097352. Lien SAGE Journals
- Heo, M. S., et al. (2023). Diagnostic accuracy of MRI for degenerative joint disease of the temporomandibular joint: A systematic review and meta-analysis. Journal of Oral Rehabilitation, 50(7), 779–793. Wiley Online Library
- Durham, J., et al. (2024). Clinical practice guidelines for the management of chronic temporomandibular disorder pain. Journal of Oral Rehabilitation, 51(2), 85–102. PubMed 38101929
- Vilanova, L. S., et al. (2023). Temporomandibular disorders and psychosocial impact: A cross-sectional study. Pain Research & Management, 2023, 1–8.

